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Crédit photo : Thomas O’Brien © www.thomasobrien.fr

ÉCOLE

HISTORIQUE

Le 5 décembre 1956, Jacques Lecoq fonde l’école à Paris. En 1976, l’école s’installe au Central, un ancien gymnase devenu un haut lieu populaire de la boxe au début du XXe siècle. Construit en 1876, le bâtiment se situait au 57 rue du faubourg Saint-Denis dans le 10ème arrondissement de Paris.

A la rentrée 2023, l’école Jacques Lecoq quitte ce lieu et poursuit l’enseignement au cœur de la Cité des Papes à Avignon, ville emblématique du théâtre, en s’installant dans l’ancienne caserne des pompiers au 116 rue de la Carreterie.

De l’éducation physique à la découverte du théâtre.
Le 15 décembre 1921, Jacques Lecoq naît à Paris. Il s’oriente dès 1937 vers l’enseignement de l’éducation physique et des sports. De 1941 à 1945, il est maître d’éducation physique et sportive, moniteur diplômé des Fédérations françaises d’athlétisme et de natation. Son engagement dans l’éducation physique le rapproche de Jean-Marie Conty, responsable de l’éducation physique, ami d’Antonin Artaud et de Jean-Louis Barrault.
En 1945, Jacques Lecoq fait ses premiers pas de comédien aux côtés de Gabriel Cousin avec qui il fonde un groupe théâtral. Puis, Jean Dasté l’engage dans sa compagnie, les “Comédiens de Grenoble” et le charge de l’entraînement physique et corporel de ses camarades ; il y découvre le travail du masque mais aussi l’esprit de Copeau dont il s’affirme, indirectement, héritier.

La découverte de la Commedia dell’Arte.
En 1948, Jacques Lecoq part en Italie où il restera huit années. A Padoue, il découvre le jeu de la Commedia dell’Arte dans les marchés de la ville et monte ses premières pantomimes au Théâtre Universitaire. Il rencontre le sculpteur Amleto Sartori et entreprend avec lui des recherches sur les masques ; de leur collaboration est né, entre autres, le “masque neutre”. A la demande de Giorgio Strehler et de Paolo Grassi, il participe à la création de l’école du Piccolo Teatro à Milan. Suivra une activité de metteur en scène et de chorégraphe. Aux côtés de Dario Fo, Franco Parenti, Luciano Berio, Anna Magnani… il cherche des gestes nouveaux pour la musique contemporaine, la revue, l’opéra et met en mouvement les chœurs de la tragédie grecque à Syracuse.
En 1956, il revient à Paris pour ouvrir son école de Mime et de Théâtre. Il crée aussi sa propre compagnie, travaille au T.N.P. avec Jean Vilar et à la télévision.
Puis le développement de son école l’oblige à se consacrer exclusivement à la pédagogie des années durant. Cette école qu’il veut d’emblée internationale rencontre un immense succès.

En parallèle, Jacques Lecoq développe le Laboratoire d’Etude du Mouvement (LEM).

Le Laboratoire d’Etude du Mouvement

A la suite des cours qu’il donne aux élèves architectes de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de 1968 à 1988, Jacques Lecoq crée en 1976 un département scénographique parallèle à l’école, le L.E.M. (Laboratoire d’Etude du Mouvement), avec l’architecte Krikor Belekian qui y enseigne jusqu’en juin 2011.

Le L.E.M. est actuellement en reconstruction, et reste sous la direction de Pascale Lecoq, architecte, scénographe et directrice de l’école de 2012 à juin 2023.

La famille Lecoq

Fay Lees Lecoq, originaire de Glasgow en Ecosse, étudie le théâtre à la Royal Scotish Academy of Music and Drama. Arrivée à Paris en 1955 pour suivre les cours du mime Etienne Decroux, elle trouve un travail comme secrétaire à l’ambassade américaine et rencontre Jacques Lecoq en 1957. Ils se marieront trois ans plus tard et auront trois enfants, Pascale, Richard et François.

Dès ce moment, elle va accompagner Jacques Lecoq dans tout son parcours, assurant à la fois l’administration de l’école et prenant le rôle d’interprète traductrice lors des nombreuses conférences-démonstrations que celui-ci donnera à travers le monde. Pour s’imprégner totalement de la pédagogie de Jacques, elle suit les deux années de l’école avec succès.

En 1976, c’est elle qui trouve un ancien gymnase, « Le Central », célèbre pour ses combats de boxe d’après-guerre, qui fut le lieu de l’école jusqu’en juin 2023.
Au décès de Jacques Lecoq en 1999, Fay Lees Lecoq poursuivra son rôle de Directrice et lors de multiples invitations à l’étranger, continuera à faire connaître la pédagogie de l’école et à tisser des liens de mémoire avec les anciens élèves.

Son fils Patrick Lecoq, dans le but d’archiver la pédagogie Jacques Lecoq, a filmé, en 1983, les deux années d’enseignement à l’Ecole. Par ailleurs, une étroite collaboration de deux années (1997 et 1998) avec Jean-Gabriel Carasso, Jean-Claude Lallias et Jean-Noël Roy a abouti à la publication d’un livre intitulé Le Corps Poétique et à la réalisation de deux films de quarante-cinq minutes chacun, diffusés à la télévision française.

Sa fille, Pascale Lecoq, reprend la direction de l’école et du LEM en 2012 jusqu’en 2023, date à laquelle la famille se sépare du Central et transmet l’école aux enseignants.

Un héritage en mouvement

L’Ecole fondée par Jacques Lecoq perdure. Ecole mondialement reconnue, elle a accueilli des milliers d’élèves de plus de 100 nationalités différentes.

Au début de la saison 2022-2023, Pascale Lecoq et ses frères, héritiers de l’école fondée par leur père, ont annoncé leur volonté de se retirer, et de transmettre le nom de l’école ainsi que le matériel pédagogique aux enseignants.

Cette décision, suivie du constat rapide de l’impossibilité de rester au Central, a conduit les enseignants à une intense réflexion collective de plusieurs mois quant à la suite de l’aventure. Celle-ci a permis l’émergence d’un nouveau projet de structuration de l’Ecole Jacques Lecoq sur les bases suivantes :

  • L’école sera incarnée par les enseignants au nom de leur héritage commun
  • Les enseignants ont choisi de faire d’Anne Astolfe la nouvelle directrice de l’école
  • Ce nouveau projet alliera héritage, continuité et développement : l’école vit depuis de nombreuses années sur sa réputation et la résonnance du nom de Jacques Lecoq. Il s’agit d’impulser une dynamique nouvelle à l’école.
  • L’école sera juridiquement portée par une association Loi 1901, « Tout Bouge, mouvement et création »

Un nouveau lieu pour l’Ecole à Avignon

Depuis la rencontre entre Jacques Lecoq et Jean Vilar en 1958 et leurs premières créations communes, le Festival d’Avignon a accueilli de nombreux artistes issus de l’école : William Kentridge, Christoph Marthaler, Ariane Mouchkine, Rolf Abderhalden, Simon McBurney ou encore Julie Deliquet, qui a ouvert l’édition 2023 avec sa création Welfare dans la Cour d’honneur du Palais des Papes.

Ce choix d’installer l’école à Avignon renforcera le lien historique et intime entre le Festival et l’Ecole Jacques Lecoq. La ville d’Avignon a décidé de mettre à disposition un lieu permettant à l’école de s’installer de manière pérenne au cœur de la Cité des Papes : l’ancienne caserne des pompiers. Un espace qui, remis en état et aménagé, permettra d’engager ce nouveau projet et à l’école d’accueillir la centaine d’élèves inscrits à partir du mois d’octobre 2023.